Il y avait donc conférence sur l'Oupeinpo au musée Matisse du
Cateau-Cambrésis, mercredi dernier 28 mai. J'y fus. La conférencière,
Anne-Maya Guérin, avait bien travaillé. Elle parla une heure et demie;
encore avait-elle abrégé son exposé pour ménager une place à mes propos.
Après une présentation de l'Oulipo, destinée à brosser le fond du
tableau et à y silhouetter le personnage-dénominateur commun, François
Le Lionnais, elle se lança bravement dans l'étude de nos inventions en
suivant notre livre, Du potentiel dans l'art, dont elle projeta
maintes images illustrant autant de contraintes. Comme le contexte
était l'exposition Jean Dewasne, en cours au musée jusqu'au 9 juin, elle
décrivit toutes les contributions de Jean aux contraintes
oupeinpiennes, du moins celles qui sont publiées dans l'ouvrage, les
Dominos colorés, le Lipopicte de la Grande Arche. Les autres projections
commentées constituaient un choix excellemment représentatif. Mon
intervention a surtout consisté à rappeler le souvenir vivant de Jean,
sa participation à l'Oupeinpo, à l'appel de FLL, dès janvier 1981, à la
première séance régulière après la fondation, ses inventions non
publiées (la peinture sur gaz) ou les opinions rigoureuses qu'il
proférait de sa voix toute en douceur. Comme la salle est belle et bien
équipée, les projections étaient de format majuscule. Ça lui aurait plu.
Je l'entends encore dire : "Je ne suis pas content" lorsque, en vue
d'une présentation au Centre Pompidou, l'un d'entre nous avait voulu
réduire le format des projections. Lui préférait leur donner l'impact
maximal quitte à ce que certaines images soient coupées; nous avons
immédiatement obtempéré, heureusement. Je ne sais trop ce que le public
catésien a retenu. J'ai ouï un commentaire affirmant que nous nous
serions bien entendus avec l'écrivain "fantaisiste" Erik Orsenna (?). Mais la conférencière avait intégré, quant à elle, le sérieux pataphysique de nos travaux.
Dans le musée, l'exposition est de toute beauté. Elle réunit
plusieurs œuvres majeures, issues de la donation faite par Mythia à
l'État. On y voit notamment les quatre panneaux-maquettes pour les
Murales de la Grande Arche de la Défense (dont deux seulement furent
réalisées), l'Habitacle rouge et maintes Antisculptures, plusieurs
panneaux originaux de la Longue Marche (qui faisait près de 100 mètres
de long) accompagnés de la suite complète en sérigraphie, bref un
ensemble saisissant que complète un impressionnant catalogue (éditions
Somogy, 39 €). En outre, j'ai acquis un livre posthume réunissant ses
écrits théoriques : Traité d'une peinture plane et autres écrits,
présenté par Gérard Denizeau (Minerve, 2007). Cet ouvrage ignore les
contributions oupeinpiennes de Jean, mais il n'en va pas de même du
catalogue, établi par Patrice Deparpe, qui signale les deux plaquettes
publiées dans la Bibliothèque oupeinpienne. J'en ai d'ailleurs offert un
exemplaire au musée.
Notez que cette exposition sera complétée par une autre, à partir du 27 juin à Cambrai, avec des gouaches et des dessins, et une troisième en octobre à Dunkerque.
À vous,
ThF
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